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La Mer Rouge me surprendra toujours. C’est pour cela que j’aime y retourner régulièrement. On y trouve une ambiance vraiment unique, reconnaissable entre mille. Lors de l’édition 2017 de la croisière bio que j’organise avec Diving Attitude, l’Exocet nous fit découvrir l’itinéraire des « Réserves Australes » et nous emmena vers un des joyaux du Sud égyptien. A quelques encablures du Soudan, deux îles baignent paisiblement loin des sites les plus fréquentés. Bienvenue à Rocky island et Zabargad…
Le Sud égyptien est un classique des croisières plongée. On entend souvent parler de la fameuse croisière Saint-John, et des superbes jardins coralliens que l’on trouve dans la région des Saint-John’s. Un merveille c’est sûr ! Idem pour les Fury Shoals, qui est certainement un des plus bels endroits de la planète pour découvrir et nager avec les dauphins en totale liberté, dans le lagon de Sataya. On entend en revanche moins parler de ces deux îles, Rocky Point et Zabargad, certes un peu plus lointaines, mais qui semblent avoir été totalement épargnées de la présence humaine…
Rocky Island: sous le cailloux, un concentré de la Mer Rouge
Aux portes du Soudan, nous découvrons aux premières lueurs de l’aube, le premier cailloux qui nous a fait nous déplacer jusqu’ici. D’apparence complètement désertique, nous observons tout de même de nombreux oiseaux virevoltant au-dessus de l’île, et d’autres paisiblement installés sur la petite plage de sable côté ouest. Rocky island nous accueille pour la journée, loin de tout… Hors de question de poser un pied à terre cependant. Rocky Island comme Zabargad, font partie intégrante du Gabal Elba national Park, et à ce titre protégées depuis 1986.
Le courant est réputé pour être fort à certains endroits ici. Les plongeurs présents ce jour-là et moi même confirmons ! Le semi-rigide nous conduit pour la première plongée matinale, sur la face nord de l’île. Dès la mise à l’eau, le spectacle saute aux yeux. Le long du tombant vertigineux semble s’épanouir toute la Mer Rouge… Au milieu des coraux durs, une multitude de coraux mous se dressent un peu partout, nous offrant une palette de couleurs incroyable. L’abondance d’anthias, poissons emblématiques de la Mer Rouge, est stupéfiante. Il y en a de partout, à tel point que par moment, on ne distingue même plus l’arrière plan.
Nous progressons le long de la face nord en direction de l’est. Un banc de poissons compact se forme et se déforme dans le bleu, et vient se plaquer contre la paroi au passage de pélagiques. Quelques carangues et thons sont de la partie. le spectacle est intense. Petit à petit nous atteignons l’Est de l’île… et en quelques dizaines de mètres le courant se fait sentir. Nous le recevons en plein poire ! Les anthias nagent tous à contre courant au-dessus des coraux. Là dans le bleu (pas assez proche pour de belles photos), deux requins marteau se glissent sans peine à travers le courant, quand nous autre réfléchissons encore à l’option à prendre. tans pis, nous avançons, le courant devrait se calmer une fois passer sur la face Sud. Chacun y va de sa technique la plus hydrodynamique. Raser le tombant reste la meilleure option pour éviter au maximum de faire prise au courant. La respiration s’intensifie et les bulles filent presque à l’horizontale derrière moi. Les anthias semblent être moins à la peine… le courant se calme. Nous voici en sécurité pour profiter du superbe jardin corallien à quelques mètres sous la surface.
La deuxième plongée sera plus calme, le courant ayant quasiment disparu. Un superbe banc de thons à dent de chien viendra nous saluer le long du tombant. Allez et retour. Une tortue imbriquée au repos restera impassible devant le regard de chacun d’entre nous. Il faut dire que vue son âge, elle a due en voir passer un certain nombre durant son existence. Sous la surface, quelques femelle Napoléon font leur apparition sans vraiment nous approcher. Les coraux qui affleurent presque la surface sont superbes et abritent tout un tas de petits poissons. En rejoignant le bateau à quelques dizaines de mètres du récif, des méduses croisent mon objectif. C’est certainement une journée très banale ici à Rocky Island…
Zabargad : l’île précieuse
Pour finir la journée en beautée, l’Exocet fait cap au Nord-Ouest depuis Rocky Island, pour rejoindre Zabargad. Quelques kilomètres séparent les deux îles. L’arrivée devant le lagon de Zabargad est inoubliable. Celui-ci se dévoile peu à peu, laissant apparaître ses couleurs turquoises qui vont si bien avec l’ocre des roches de l’île. Zabargad est un vrai joyau, et les raisons ne manquent pas. Elle est connue depuis fort longtemps pour ses gisements d’olivine. Plus connue en joaillerie sous le nom de Péridot, cette pierre précieuse était déjà récoltée du temps des Pharaons. L’île de Zabargad représente un des plus célèbres gisement de la planète, même s’il n’est plus exploité aujourd’hui.
Depuis l’extérieur du lagon, on devine la superbe plage de sable. C’est ici que l’été viennent pondre les tortues marines, en toute sécurité. La barrière de corail protège parfaitement le lagon et la plage, en rendant l’accès difficile, voire impossible. A terre, il n’y a que très peu de végétation, mais au moins neuf espèces d’oiseaux y ont été recensé.
Notre arrivée devant le récif de Zabargad restera inoubliable. Escortés par quelques dauphins jouant dans l’étrave du bateau, l’accueil est exceptionnel. Quelques sauts et puis s’en vont, nous voici maintenant devant certainement une des plus belles îles de Mer Rouge.
C’est en fin d’après-midi que nous nous mettrons à l’eau, pour en sortir juste avant la tombée de la nuit. Le récif forme un mur abrupt puis un plateau descendant en pente douce entre 18 et 35m environ. Les coraux recouvrent tout ou presque. Seules quelques langues sableuses en sont dispensées. De nombreuses patates s’élèvent et forment des abris à une multitude d’espèces. Les labres sont à la fête, les ptérois (ou rascasse volante) déploient leurs « ailes » tout en restant discrets, tandis que rode tranquillement l’Ange Empereur… Un passage à peine visible nous permet de nous immiscer au cœur du récif, et ainsi d’atteindre l’intérieur du lagon. A mi-chemin, une masse étrange et colorée se détache sur le fond. Voici un superbe nudibranche, l’Halgerda de Willey (Halgerda willeyi). L’accès au lagon n’a finalement que peu d’intérêt, la visibilité à cet endroit n’y est pas terrible. Le plaisir est plutôt dans la traversée du récif.
De retour sur le versant extérieur, chaque recoin est source de découverte. Une anémone protégée par son poisson clown cache de minuscules crevettes nettoyeuses. plus loin un baliste titan s’occupe à chercher des morceaux de coraux sur le fond. L’approche est craintive, mais celui-ci semble de bonne humeur. Gare à celui qui le sous-estime ! La charge du baliste titan est redoutable et peut faire très mal.
La journée se termine. Dans la nuit, l’Exocet reprendra la navigation et mettra le cap sur les Fury Shoals, direction Sataya…
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