Plongée dans l’exsurgence de Port-miou

Chose promise, chose due ! Il y a quelques jours de cela, Francis Le Guen nous proposait de nous emmener Manu et moi, à la découverte d’un phénomène bien connu de nos calanques, mais suscitant encore des interrogations quant à son origine précise : la rivière souterraine de Port-Miou. Fin connaisseur de ces phénomènes géologiques et un des pionniers de la plongée spéléo, Francis explorait à quelques centaines de mètres de là, en 1989, une autre rivière souterraine, le Bestouan, devant le petit port de Cassis… pénétrant jusqu’à 2290m à l’intérieur de la galerie ! Loin de là l’idée de faire de la spéléo, nous voici réunis Leguen-Lewin-Leydet lors de cette chaude journée de juin !

Les affaires commencent en fin d’après-midi sur le parking de la calanques. Pour planter le décor, d’un côté l’ancienne carrière d’où l’on extrayait la « pierre de Cassis », de l’autre une magnifique vue sur la deuxième plus haute falaise maritime d’Europe, le Cap Canaille, culminant à 399m.

Profitant de la chaude lumière d’été, nous commençons par nous installer sur les rochers calcaires, à fleur d’eau, pour une première mission qui était la réalisation d’un clip vidéo mettant en scène Francis. Interview, plans multiples, prises de son… vous retrouverez le résultat très prochainement sur Scuba People. Pour le reste, je me dois de garder le silence, mais vous ne serez pas déçu ! Peut-être que certains d’entre vous auront vu passer sur la toile ce petit teaser :

L’heure étant venue de passer à la partie plongée, nous remontons déballer tout notre barnum sur le parking avant de descendre l’équipement au bord de l’eau. La mise à l’eau se fait facilement, et sous cette forte chaleur la température bien fraîche de l’eau, due à la rivière souterraine, nous revigore rapidement !

Nous palmons en surface jusqu’à l’entrée de l’ouverture béante. Le courant en surface se fait sentir. Il faut dire que cette rivière, ou plutôt ce fleuve, possède un débit d’environ 7m3/sec ce qui en fait un des plus importants de Provence.

Immersion… Devant nous, l’entrée. Sombre. Comme si la falaise voulait nous avaler ! Nous avançons… L’ouverture mesure plus d’une dizaine de mètres de diamètre, on pourrait y rentrer un bus. Nous commençons par explorer le bas. Mais nous nous cantonnerons aux premiers mètres, pas question de s’enfoncer plus, car sous plafond, les risques sont démultipliés et nous ne sommes pas équipés pour !

Nous remontons de quelques mètres et perdons quelques degrés : l’eau douce est là ! Et on la voit cette eau douce. De densité plus faible que l’eau de mer, les deux phases glissent l’une sur l’autre et ne se mélangent pas. A l’interface des deux, on se retrouve vite déstabilisé : on retrouve le même effet que lorsque l’on met du sirop dans l’eau.  Regardez cette vidéo, vous comprendrez :

L’entrée de la galerie est recouverte d’une faune fixée abondante, où l’on retrouve bon nombre d’éponges, de coraux, d’anémones, au milieu desquels se faufilent diverses espèces de nudibranches… On retrouve également d’autres espèces plus cavernicoles comme ces éponges blanches. Un peu plus à l’intérieur dans le noir presque total, j’aurais la curieuse surprise de trouver une grande nacre… Étonnant !