La nuit… Parait-il que tous les chats sont gris ! Pour ceux qui ont la chance de s’immerger après le coucher du soleil, vous pourrez voir qu’ici le gris se mélange aux multiples couleurs qu’a à nous offrir notre belle Méditerranée.
J’avais prévu la plongée depuis le début de la semaine, en misant sur l’éclaircie prévue pour ce jeudi. Entre deux épisodes pluvio-orageux, pourquoi pas. Je retrouve donc Marco « le poulpe », en ce jeudi soir de la fin septembre, et nous nous rendons sur son spot favori (après Port-Cros je pense ;-) ). La nuit est déjà tombée… mais le projecteur du restaurant nous permet d’y voir jusque sur la plage. On se prépare rapidement, un peu trop peut-être… et on commence la descente… des marches. Et oui, ici, au risque de me répéter, avant le plaisir de la descente dans l’eau, il faut passer par le calvaire des marches… qu’il faudra remonter par la suite, bien sà»r…
« Ohhh, le compas !
– Quoi le compas ? » C’est ainsi, qu’arrivés à mi-chemin des marches, Marco me fait comprendre qu’il va falloir remonter à la voiture ! Ah Marco, me faire remonter tout équipé sans avoir plongé, c’est pas humain !
Enfin nous arrivons, au bord de l’eau, dégoulinant de sueur… Je ne prends même pas la peine de m’arrêter, hop à l’eau. C’est parti pour un quart d’heure de capelet, jusqu’au bout de la calanque, où se fera notre immersion. En y arrivant, en jetant un oeil à l’ordinateur, je m’aperçois que l’eau est à 22 °C ! Idéal pour se reposer un moment avant de descendre. Le ciel est dégagé, et les étoiles scintillent. On voit même la Voie Lactée qui descend vers l’horizon légèrement vers la droite.
La lumière de nos phares sous l’eau déploie des reflets ondulants sur les parois de galets charriés par l’ancienne rivière. Marco me demande d’éteindre mon phare et de regarder dans l’eau… je comprend tout de suite… l’eau est pleine de Noctiluca scintillans. Je traduis: il s’agit d’une espèce de phytoplancton qui a la particularité d’émettre de la lumière en cas d’agitation de l’eau. S’en suivi 5 minutes pendant lesquelles Marco et moi s’agitâmes dans tous les sens ! « Regarde mes palmes, elles s’allument ! Et moi, regarde, pareil ! » … deux grands gamins dans le plus beau terrain de jeu !
Bon, les choses sérieuses arrivent. Il est temps de commencer la plongée, même si nous sommes dans l’eau depuis près d’une demi-heure ! Allez, c’est parti !
On commence sur un fond d’une dizaine de mètres. Là , je remarque la présence d’un petit poisson pigmenté de rouge: un apogon juvénile, environ 3cm. Je n’en avait jamais vu aussi petit.
Nous progressons lentement vers la faille, et sur le chemin nous tombons sur une mostelle imposante, réfugiée dans un trou formé de coralligène. Sa taille doit avoisiner les 55cm ou plus. Difficile de lui tirer le portrait, nous ne voulons pas l’effrayer, et elle reste à l’abris. Nous l’observons un moment et filons dans la faille.
Nous voici entre les deux murs recouverts d’organismes aux multiples couleurs. Sur le fond, je regarde mon ordinateur: 23m et toujours … 22 °C ! Nous n’atteindrons pas la thermocline aujourd’hui. Le temps de prendre 2-3 bestioles en photos, Marco déjà devant a repéré une petite cigale de mer. Ces crustacés, pourtant plus fréquent que la grande cigale, ne sont pas toujours faciles à dénicher. Ce qui est bien, c’est qu’elles ne sont pas vraiment farouches, et qu’on peut les approcher facilement. Non loin de là , un gros Bernard l’ermite promène ses nombreuses anémones de mer qui se referment en sentant ma présence.
En sortant de la faille, nous revenons en longeant la falaise. De nombreux trous regorgent de vie. Et nous allons en trouver un particulièrement garni ! C’est tout d’abord la présence d’une crevette cavernicole qui attire mon attention. Je remarque qu’elle est accompagnée de plusieurs crevettes Lysmata; à peine les ai-je observé, que la coquille luisante d’une porcelaine se montre… puis une deuxième. La première se dirige droit dans le trou: l’occasion de prendre en photo le manteau recouvrant la coquille. Et voici une belle galathée verte, muni de ces deux grandes pinces, qui se montre timidement. Et histoire d’en rajouter un peu (vous allez finir par croire que j’exagère là …), deux petites araignées de mer se dirigent à toute allure à l’abri dans le trou. Mais que se passe t-il là dedans ? Un bal masqué ? On peut venir ?
L’air commence à se faire rare dans ma bouteille, mais qu’importe nous sommes à présent dans la zone de sécurité, et mon ordinateur n’indique plus de palier. J’entraine Marco à me suivre sur les fonds sableux, qui me font penser à une sorte de muck-dive locale. Très vite je repère les valves d’un coquillage qui ressemble fort à une coquille saint-Jacques… à vérifier.
Puis des petits cérianthes déploient leurs longs tentacules transparents au-dessus du sable. Incroyable vie des fonds sableux, qui pour se défendre ne peuvent que s’enfouir et se fondre dans le décor… le mimétisme, passionnant ! C’est aussi le cas d’une belle rascasse brune posée sur le fond, que rien ne semble déranger. Peut-être en pleine digestion…
A quelques mètres du bord, alors que nous sommes déjà la tête hors de l’eau, mais toujours les yeux au fond, nous croisons une murène au repos (digestion aussi ?), ouvrant la bouche pour respirer…
Nous sortons de l’eau, personne sur la plage, les étoiles sont toujours là , mais surtout le calme et l’obscurité… qui peut penser à toutes cette vie et ces couleurs en pleine nuit…
Plonger la nuit apporte une autre dimension, surtout pour un plongeur bio, on observe des scènes de vie impossibles à voir en plein jour, comme par exemple ces poissons qui dorment en pleine eau, que l’on peut pratiquement toucher… Et puis, on se focalise beaucoup plus sur la petite partie éclairée, le reste est noir…
On finira comme par tradition, par un petit « gouté » sur le parking histoire de reprendre des forces, et de refaire la plongée… Voici quelques photos pour vous faire partager ces 96min de bonheur !
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9 commentaires
Top la crevette ! Je vois que tu as réussi à faire marcher NexGen Gallery :-)
Merci pour la crevette ! Je l’aime bien aussi :-)
En fait c’est pas NextGen, c’est WP slideshow… j’avais trop de conflis, j’ai abdiqué…
sexgen, WP slip show ! c’est quoi ce jargon ? Bien en tout cas voilà un beau reportage, le texte est complet c’est le moins que l’on puisse dire. Il ya des clins d’oeil malicieux ,de la poésie en prose, nous pourrions nous passer d ‘images, mais non Anthony décide d’illustrer ces propos par de somptueuses photographies. Là aussi le choix est judicieux car une grande variété d’embranchements défile devant nos mirettes : un minuscule apogon aux fines voiles déployées suspendu dans l’espace, une castagnole irissée de bleu dans son écrin d’or, une coquille saint-jacques sans le fondant de poireaux, un poulpe se drapant majestueusement, une main de corail ensanglantée, le souffle invisible d’un casque granuleux, le flux solaire du cerianthe et pour terminer « top » la crevette degustant de gros bonbons roses vanillés servis dans de la porcelaine….
Sacré Marco, je vais finir par écrire plus pour avoir encore plus de commentaire ! J’adore :-)
Ce fà»t une plongée superbe, ça méritait que je m’y attarde… Vivement la prochaine… Qu’est-ce que tu dirais qu’on passe une plongée de nuit à fouiller le sable… ?
Dimanche peut être ,je vais voir avec le Caribou.
Waou! Magnifique photo, très belle couleur!
Merci… et Bienvenue ;-)
Magie des plongées de nuit, mes préférées :wink:
Bonheur de voir ici des plongeurs s’intéresser aux Gastéropodes !
Merci, pour le texte comme pour les images.
Pour moi, plonger la nuit double le nombre de sites… on y voit des choses totalement différentes, et surtout, un site que l’on connait devient presque méconnaissable, tant l’ambiance et les rencontres sont nouvelles.
Les gastéropodes… comme beaucoup font partie des bestioles que j’aime observer, comme par exemple ce casque s’enfouissant dans le sable pour passer inaperçue et certainement digerer tranquillement !
Sympa votre site, avec de magnifiques photos! Je l’ai rajouté dans ma blogoliste !